D’un destin déplorable,
Que je conçois à peine au moment qu’il m’accable.
Auprès de sa rigueur tous les maux ne sont rien.
Il vous paroîtroit doux si vous songez au mien.
Sous ses lois en secret tient mon âme asservie.
Cependant l’Empereur troublant de si beaux noeuds,
Par un funeste choix tyrannise mes voeux.
Jugez ce que je souffre en ce malheur extrême,
Quand l’honneur qu’il me fait m’arrache à ce que j’aime,
Et que mon seul espoir est de finir mon sort
Sans oser découvrir la cause de ma mort.
C’est beaucoup que du moins lorsque l’Empereur presse
Son choix par trop d’empire irrite la Princesse,
Et que pour vous servir je tâche à le porter
À ne s’obstiner pas à la violenter.
Mais…
Vous n’achevez point ?
Ô penser trop funeste !
Allons, dans peu ma mort vous apprendra le reste ;
Heureux, si dans l’ennui dont mon cœur est atteint,
Je pouvois en mourant espérer d’être plaint.