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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/396

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ACTE II



Scène I

MARCIA
,
LUCIE

MARCIA

En vain de sa vertu la sévère maxime
Trouve de mon espoir l’appas illégitime,
Et tient le Diadème un objet de mépris,
Quand l’hymen d’un Tyran en doit être le prix.
Je sais qu’un naturel farouche et peu traitable

De cent proscriptions rend
COMMODE
coupable,

Mais tant de cruautés indignes d’un beau sang,
Déshonorant son nom, n’abaissent pas son rang,
Et quoi que leur excès mérite le tonnerre,
Il demeure toujours le Maître de la Terre.
Dans le brillant éclat de cette dignité
Souffrons à ses forfaits un peu d’obscurité,
Et ne voyons en lui que la gloire d’un titre
Qui de tout l’Univers nous peut rendre l’arbitre.
J’aime d’un si beau feu les pressantes ardeurs,
Et c’est là proprement la marque des grands coeurs.

LUCIE

Elle est noble, elle est haute, et je doute qu’
HELVIE

Ne la condamne en vous par un motif d’envie.
La Cour que sa fierté s’obstine à dédaigner
La pourroit voir sensible à l’espoir de régner
Dans toute sa vertu son humeur est altière,
Et s’il faut vous ouvrir mon âme toute entière,

Elle souffre à
LAETUS
des entretiens secrets,

Dont je pénètre peu les justes intérêts.
Auprès de l’Empereur son crédit est extrême,
Et l’on blâme en autrui ce qui plaît en soi-même.