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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/398

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Mais en s’examinant, qu’il y voit de surprise !
Il trouve de l’ardeur qu’un faux charme déguise,
Et que d’un fort mérite ÉLECTUS soutenu
Le pousse avec plaisir dans un trouble inconnu.
Je ne sais que penser de cette ardeur secrète,
Mais si ce n’est qu’estime, elle bien inquiète,
Et l’on ne devroit pas avec plus de souci
Se défendre d’aimer, que d’estimer ainsi.

LUCIE

L’amour avec l’estime a tant de ressemblance,
Qu’il est bien malaisé d’en voir la différence ;
Non que sans que l’on aime on ne puisse estimer,
Mais sitôt qu’on y songe, on commence d’aimer.

MARCIA

Ah, malgré moi cent fois en consultant mon âme,
Sans prendre en cette estime aucun soupçon de flamme,
Je me suis écriée en cette douce erreur,

Que le Ciel n’a-t-il fait
ÉLECTUS
Empereur !

Sans doute que l’amour jaloux de son empire
Cherchoit de mon orgueil à me faire dédire,
Et qu’à l’ambition il vouloit disputer
La conquête d’un cœur qu’elle osoit lui vanter.

Mais quand même
ÉLECTUS
de l’ardeur qui me gêne

Par un même ascendant partageroit la peine,
Ce cœur est trop rempli d’un vaste et noble espoir
Pour se laisser abattre à qui sait l’émouvoir.
Je sais que la vertu voudroit la préférence

Mais
COMMODE
Empereur emporte la balance.

Il est doux, il est beau de recevoir des Cieux
Ce destin éclatant qui leur donne des Dieux,
Et qui dans une gloire et sublime et profonde
Nous fait voir sous nos pieds tous les Trônes du Monde.
C’est là ce qui me charme, et quoi que jusqu’ici

Je sente qu’
ÉLECTUS

LUCIE

Madame, le voici.