Scène II
Et bien, qu’avez-vous fait ? Me venez-vous apprendre
Ce que de l’Empereur il m’est permis d’attendre ?
Madame, vous servir m’est un emploi trop doux
Pour avoir différé de lui parler pour vous ;
Non qu’à se voir presser, souvent il ne rejette
Ce qu’avec passion nous savons qu’il souhaite,
Mais pour en redouter ce bizarre défaut,
Et j’aurois mal rempli l’ardeur que j’ai pour elle,
Si la peur de l’aigrir eût arrêté mon zèle.
Ce zèle généreux m’étoit déjà connu.
Enfin en ma faveur qu’avez-vous obtenu ?
Que dans peu les effets suivroient votre espérance.
Je viens à Pertinax d’en porter l’assurance,
J’en avois reçu l’ordre, et m’en suis acquitté.
Ce que nous vous devons n’a rien de limité.
Aussi n’ai-je aspiré jamais à la Couronne
Que pour vous faire part du pouvoir qu’elle donne.
En vain ce faux espoir abuseroit ma foi ;
Lorsque vous pourrez tout, vous pourrez peu pour moi ;
Encor peut-être alors voudrez-vous vous défendre
De m’accorder ce peu que j’oserois prétendre.