D’une source bien pure un tel amour doit naître,
Et si pour Codoman… mais je le vois paroître.
Faut-il que je l’accable ? Ah rigoureux destin !
Scène V
De quel fâcheux présage est pour moi ce chagrin,
Madame ? Je ne sais ce que j’en dois attendre,
Mais je tremble à savoir ce qu’il cherche à m’apprendre,
Et d’un mortel effroi tous mes sens prévenus
Succombent à des maux qui leur sont inconnus.
Ces maux ne sont pas tels qu’il vous les fait paroître ;
Si le Sort vous poursuit, vous en êtes le Maître,
Et quelque orage enfin qui semble se former,
Vous le dissiperez en cessant de m’aimer.
Cessant de vous aimer ? Moi, Madame ? Ah, je doute
Si c’est vous qui parlez, ou moi qui vous écoute,
Et dans l’accablement qui confond ma raison,
Moi-même je me suis suspect de trahison.
À quoi que le Destin contre moi se prépare,
Quand pour en divertir l’ordre le plus barbare
Ce seul remède enfin se pourroit opposer,
Hélas ! Serait-ce à vous à me le proposer ?
Non, ne me dites point que le Sort m’assassine ;
Mais dites, ta Princesse a juré ta ruine,
Et par un beau triomphe à la fin obtenu,
Son cœur se veut soustraire aux vœux d’un Inconnu.