Aucun autre jamais n’en montra de plus hauts.
Cent Amis qu’en mon sort un vrai zèle intéresse,
Ne m’ont point comme vous soupçonné de bassesse ;
Sans autre témoignage ils m’ont cru sur ma foi.
Ils seroient scrupuleux s’ils perdoient comme moi.
Mais tantôt votre amour s’est montré plus crédule.
Me croyant Darius, vous étiez sans scrupule ?
C’est que ce Darius n’aspirant qu’à régner,
Je ne voyois alors qu’un Trône à dédaigner.
Mais ici qu’il s’agit de m’ôter la Princesse,
Le seul objet pour qui mon cœur s’intéresse,
Puisque de votre rang j’ose me défier,
Il n’y faut point prétendre, ou le justifier.
Je le pourrois sans peine, et suspect d’imposture
Il me seroit aisé d’en convaincre l’injure ;
Mais après un soupçon que ma vertu confond,
Ne vous éclaircir pas, c’est en venger l’affront.
Un Trône ébranle bien la vertu la plus forte.
Vous pouvez me connoître, et parler de la sorte ?
Oui, mon cœur en effet croit vous connoître assez,
Mais j’ai lieu de douter si vous me connoissez.
Ah ! Ce peu de respect en qui sait ma naissance…
Ne vous emportez point à tant de violence,
Et pour la modérer, voyez, voyez en moi
L’Héritier d’un Empire, et le Fils d’un grand Roi.
Par divers intérêts j’en cache ici la gloire ;
Puisque je vous le dis, c’est à vous de m’en croire