Ou balancer du moins qui par plus de vertu
Pourroit mieux de nous deux mériter d’être cru.
Je ne m’étonne point que le Roi sans colère
N’ait pu souffrir en vous un orgueil téméraire.
Vous le portez si haut, qu’il doit n’avoir pour prix
Qu’un pareil traitement, ou le dernier mépris.
Pour moi, qui n’ai pas droit d’en ordonner la peine,
Je veux bien applaudir à cette humeur hautaine.
J’y consens, demeurez sur votre seule foi
L’Héritier d’un Empire, et le Fils d’un grand Roi.
Ces hauts titres jamais n’auront rien qui me blesse ;
Mais cependant demain j’épouse la Princesse,
Et nous verrons alors quel sort sera plus doux
Du Fils d’un grand Monarque, ou bien de son Époux
Vous vous flattez trop tôt d’une douceur semblable.
Déclarant mon secret vous me rendrez coupable ?
Non, non, votre secret est sûr entre mes mains,
Et j’ai dans mon malheur de plus nobles desseins.
Apprenez seulement que l’ardeur qui m’embrase
Ne reconnoît en vous qu’un Fils de Tiribase,
Et que ce grand hymen qui vous doit élever
Sans tout mon sang versé ne se peut achever.
Adieu.
Scène VI
Vous le voyez, Seigneur, quelle imprudence
Vous a fait ouvrir l’âme à trop de confiance.