Mais un nouveau malheur dont tout mon cœur soupire…
Ciel ! Qu’ai-je à craindre encore ?
Je tremble à vous le dire,
Mais je balance en vain ce funeste rapport,
Eucherius n’est plus.
Il est mort ?
Il est mort.
Pourrai-je déguiser la douleur qui m’accable ?
Lucile, quelle atteinte !
Ô prince déplorable !
Eucherius n’est plus ; mais dans un tel malheur
Achève, Marcellin, de me percer le cœur,
Apprends-nous de sa mort ce que tu peux connoître.
Avec la même ardeur qu’il vous a fait paroître
Lors qu’à vos yeux, seigneur, il combattoit pour vous,
Sur ceux qui le fuyoient il porte son courroux.
Comme s’il s’offensoit du secours qu’on lui preste,
C’est lui seul qui combat, lui seul qui les arrête.
Il ne s’aperçoit point qu’assez proche du flanc
Une large blessure épuise tout son sang,
Soit qu’au premier combat il l’eût déjà reçue,
Soit que de ce dernier ce fut l’injuste issue.
À peine est-il fini, qu’en suite d’un faux pas
Les forces lui manquant, il tombe entre mes bras.
Soudain l’impératrice accourue à notre aide,
à ce triste accident cherche à donner remède ;
Mais lui de sa pitié désavouant l’effet,
Je meurs, dit-il, madame, et je meurs satisfait,
Puis qu’avant mon trépas j’ai fait voir à mon maître
Que je méritois peu l’infâme nom de traître.