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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/14

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Et j’avois belle peur de ne le pouvoir faire.

D. FERNAND.

Quoi, Guzman, tu doutois du crédit de mon pere ?

GUZMAN.

Je ne doutois de rien, mais, dans la vérité
Dom César étoit mort, & j’étois arrêté.

D. FERNAND.

Pour huit jours de prison tu t’en dûs croire quitte.

GUZMAN.

La prison est toujours un malencontreux gîte ;
Et m’y voyant entré, je m’étois attendu
À n’en sortir jamais que pour être pendu.
Dans ces occasions, pour chétif qu’il puisse être,
Un valet quelquefois peut payer pour son maître.
Comme après le coup fait vous étiez évadé,
On n’accusoit que moi d’avoir homicidé.
J’étois là fortement demeuré pour les gages.

D. FERNAND.

Enfin ?

GUZMAN.

Enfin ?Enfin l’argent a de grands avantages ;
Et c’est par sa vertu qu’on est tombé d’accord,
Que sans nuire aux vivans, le mort resteroit mort.
Mais depuis plus d’un mois que parti de Séville,
Vous avez ici dû prendre en propre une fille,
Tout étant entre vous par lettres concerté,
Puis-je vous demander où vous avez été ?

D. FERNAND.

Ici. Pourquoi douter d’une chose si claire ?

GUZMAN.

Pour vous avoir en vain cherché chez le beau-pere.

D. FERNAND.

Chez Dom Diégue ?

GUZMAN.

Chez Dom Diegue ?Oui, Monsieur.

D. FERNAND.

Chez Dom Diégue ?Oui, Monsieur.Ah ! Guzman, qu’as-tu fait ?