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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/17

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GUZMAN.

L’air galant, enjoué…Son nom est ?

D. FERNAND.

L’air galant, enjoué…Son nom est ?Isabelle.

GUZMAN.

Et vous avez sans doute un libre accès chez elle ?

D. FERNAND.

Jusques-là que tantôt encore elle m’attend.

GUZMAN.

Elle vous aime ?

D. FERNAND.

Elle vous aime ?Assez pour en être content ;
Et comme elle a du bien, & dépend d’elle-même,
Je l’aimerois autant peut-être qu’elle m’aime,
Si par un autre amour, cet amour traversé
Pouvoit continuer comme il a commencé.

GUZMAN.

Avouez à peu près que mon goût est le vôtre,
Tâter un peu de tout, hier l’une, aujourd’hui l’autre ;
Cet amour est d’un genre assez adultérin.

D. FERNAND.

Non, ces deux objets seuls ont droit sur mon destin,
Et toute autre beauté toucheroit peu mon ame.

GUZMAN.

Quelle est cette seconde encore qui vous enflamme ?

D. FERNAND.

J’en ignore le nom comme la qualité.

GUZMAN.

Vous l’aimez seulement par curiosité ?

D. FERNAND.

Ce commerce où mon cœur va plus loin qu’il ne pense,
Est fondé de sa part sur la reconnoissance ;
Aux lieux de promenade elle vient chaque jour
Recevoir les sermens d’un réciproque amour ;
Mais sans se découvrir.

GUZMAN.

Mais sans se découvrir.Monsieur, c’est une gueuse
Qui gagne ses habits au métier de coureuse,