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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/18

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Et qui, poussant le leurre autant qu’elle pourra,
Se titrera Marquise, & vous attrapera.

D. FERNAND.

À la voir seulement tu jugerois mieux d’elle.
De tout ce qu’elle fait la grace est naturelle,
Le port noble & touchant, rien de bas, d’affecté,
Un certain air modeste & plein de liberté,
Je ne sai quoi de doux, l’entretien agréable,
L’esprit vif, délicat, perçant.

GUZMAN.

L’esprit vif, délicat, perçant.C’est-là le diable.
Ces gueuses pour piller la dupe qui leur rit,
Monsieur, vendant le corps, achétent de l’esprit.

D. FERNAND.

Pour m’y voir attrapé je m’y sais trop connoître :
Et ce que tant d’appas dans mon cœur ont fait naître
Pourroit pour celle-ci gagner enfin ma voix,
Si sa famille sûe autorisoit mon choix.
Au plus parfait amour je sens mon ame prête ;
Mais j’ignore qui j’aime, & c’est ce qui m’arrête.

GUZMAN.

La fourbe est bien en régne, & s’en sauve qui peut.



Scène II.

D. FERNAND, JACINTE, GUZMAN.
JACINTE ayant la coëffe abattue.

St.

GUZMAN.

St.St. Bon jour. Monsieur, est-ce à vous qu’on en veut,
Ou si c’est moi déja que la donzelle tente ?
Voyez.

D. FERNAND.

Voyez.À l’inconnue elle sert de suivante,