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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/21

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Et que l’on voit la fourbe un don si cavalier,
Qu’il faut vous bien connoître avant que de s’y fier.

D. FERNAND.

Non, si ma passion ne va jusqu’à l’extrême,
Si mon cœur n’est atteint…

JACINTE.

Si mon cœur n’est atteint…Chacun en dit de même ;
Pour faire croire un feu qu’ils affectent souvent,
Tous ont le même stile, & la plûpart, du vent.

D. FERNAND.

Mais ta maîtresse enfin, telle qu’elle puisse être,
Se trouvera forcée à se faire connoître ;
Il en faudra venir à l’aveu que j’attens.

JACINTE.

Vous saurez le secret quand il en sera temps,
Et prétendez en vain me voir changer de note,
Je tiens bien le tacet.

GUZMAN.

Je tiens bien le tacet.La peste soit la sotte.
Quel que fût le secret qu’on m’eût pû confier,
Je le dirois soudain de peur de l’oublier.

D. FERNAND.

Tu n’oses donc encor m’éclaircir l’aventure ?

GUZMAN.

Elle est faite, Monsieur, en dépit de nature,
Et le ciel se trompant sans doute, à la façon,
Dans un moule de fille a cru faire un poisson.

JACINTE.

Adieu, brave causeur.

GUZMAN.

Adieu, brave causeur.Adieu, chere muette.