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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/24

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BÉATRIX.

Que dis-tu ?Que tantôt ma maîtresse Isabelle
Ne peut, Dom Dionis, vous attendre chez elle ;
Voilà ce que j’allois vous dire de sa part.

D. FERNAND.

J’attendrai son retour, & la verrai plus tard.

BÉATRIX.

Non pas pour aujourd’hui, votre amour va trop vîte.

D. FERNAND.

Au moins à son défaut accepte ma visite ;
Et si tantôt, sans toi, par hazard elle sort…

BÉATRIX.

Il vous plaît de railler.

D. FERNAND.

Il vous plaît de railler.Ah ! C’est me faire tort.
Non, à t’entretenir j’aurai la même joie,
Et je croirai la voir pourvû que je te voie.

BÉATRIX.

Ma foi, je ne sai pas comme vous l’entendez,
Mais je pense valoir ce que vous demandez.
D’aussi bien faits que vous me verroient pour mon compte.

GUZMAN.

Qu’elle en sait !

D. FERNAND.

Qu’elle en sait !Tout de bon, ton esprit me fait honte ;
Et je t’en trouve tant…

BÉATRIX.

Et je t’en trouve tant…Que vous le baillez doux !
Trêve, Dom Dionis, point de guerre entre nous ;
J’ai peut-être de quoi vous donner votre reste.

D. FERNAND.

Tu tournes tout en jeu ; mais, je te le proteste,
Que mon cœur sent pour toi certaine émotion…

BÉATRIX.

De grace, arrêtez-là la protestation.
Sans me charger encor d’un cœur comme le vôtre,
J’ai tant de protestants qu’ils s’étouffent l’un l’autre ;