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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/35

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Et c’est pour me pouvoir expliquer avec lui,
Qu’il avoit eû de moi rendez-vous aujourd’hui.
Tu sais que Léonor a rompu la partie.

BÉATRIX.

Ma foi, je n’aurois point péché par modestie,
Sa visite à demain eût reçu le renvoi ;
On doit à ses amis, quand on a fait pour soi.

ISABELLE.

Léonor seule ici me priant de l’attendre,
C’est le moins, Béatrix, que je pouvois lui rendre ;
Mais je la vois entrer.



Scène III.

LÉONOR, ISABELLE, BÉATRIX.
LÉONOR.

Mais je la vois entrer.J’en use librement.

ISABELLE.

Songez que l’amitié défend le compliment ;
Et qu’enfin, vous servir fait ma plus forte envie.

LÉONOR.

Je viens vous confier le secret de ma vie,
Et sai trop que pour fuir le malheur que je crains,
Je ne pourrois le mettre en de plus sûres mains.
Vous avez déjà sû que mon pere à Séville
Ne crut pas avoir fait un voyage inutile,
Puisque là, pour époux, à son retour, j’appris
Qu’il m’avoit sû choisir Dom Fernand de Solis.
Ignorant jusques-là ce que c’est qu’être amante,
Je tins cette nouvelle assez indifférente ;
Et mon cœur libre encor, n’étant point prévenu,
Souscrivit sans murmure au choix d’un inconnu ;