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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/39

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Scène V.

LÉONOR, DOM FERNAND, JACINTE.
JACINTE.

Entrez, on vous attend.

D. FERNAND.

Entrez, on vous attend.Madame, quelle grace !
Et pour la mériter que faut-il que je fasse ?
Accorder tant de gloire à mon ardent amour !

LÉONOR.

Enfin, à le prouver le ciel vous offre jour.
S’il est tel que mes yeux semblent l’avoir fait naître,
C’est à vous, Dom Fernand, à le faire paroître.
Le temps presse, du sort je crains les derniers coups ;
Et, si vous n’agissez, je ne puis être à vous.

D. FERNAND.

Ah ! Si de ce malheur je puis rompre l’atteinte,
J’ai lieu de m’offenser de votre injuste crainte ;
Et quand les coups du sort peuvent être forcés,
Qui peut douter de moi ne peut m’aimer assez.
Que pour m’ôter à vous la terre conjurée
Tienne à mon cœur charmé la guerre déclarée,
Pour en favoriser les violens desseins
Le seul aveu du vôtre est tout ce que je crains.

LÉONOR.

On ne l’aura jamais, & quoi que je hazarde,
Les effets feront voir quelle foi je vous garde ;
Et qu’il n’est rien pour vous que j’ose négliger,
Quand sous les loix d’un autre on me veut engager.
Oui, pour vous découvrir ce que j’ai dû vous taire,
Apprenez, Dom Fernand, que je dépens d’un pere,
Qui, sans m’en consulter, de mon repos jaloux,
A voulu par ses yeux me choisir un époux.