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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/49

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ACTE III



Scène I.

D. FERNAND, GUZMAN.
GUZMAN.

Quoi ? Quand vous prétendiez l’entretenir chez elle,
Le rendez-vous, Monsieur, étoit chez Isabelle ?
C’est là que l’inconnue avoit sû vous mander ?

D. FERNAND.

C’est là que de la fourbe il a fallu m’aider,
Et que le jeu pour moi passoit la raillerie,
Si je n’eusse aussi-tôt payé d’effronterie.
Quelquefois au besoin le vice est de saison.

GUZMAN.

Mais comment n’avoir pas reconnu la maison ?

D. FERNAND.

Comment l’aurois-je pû, si dans une autre rue
L’on me tenoit ouverte une porte inconnue,
D’où, sans qu’on m’ait rien dit, je me suis rencontré
Dans un appartement où jamais je n’entrai ?
Le plus fin, en ma place, eût donné dans le piége ;
Mais le don d’impudence est un grand privilége,
Je l’ai mis en pratique, & je m’en suis tiré.

GUZMAN.

C’est un talent en vous de tout temps admiré ;
Mais l’abord d’une Femme est un péril honnête,
Lorsque prise pour dupe elle a martel en tête ;
Et vous deviez trembler ainsi pris au filet,
D’en voir deux à la fois vous sauter au colet.
Qui lors, par impudence, évite qu’on l’échine,
En a provision, Monsieur, de la plus fine,