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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/53

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D. FERNAND.

Vraiment, je suis fâché du repos qu’elle t’ôte ;
Mais crois-tu voir en elle assez pour t’engager ?

GUZMAN.

J’y vois plus qu’il ne faut pour me faire enrager.
La Coquine a des yeux, dont la mutinerie
Passe le plus fripon de la friponnerie ;
Et les malins regards qu’elle m’a sû darder,
Navrant un pauvre cœur, prennent sans demander.

D. FERNAND.

Avec toi pour l’hymen obtiens qu’elle s’engage.

GUZMAN.

J’y fais réflexion, treve de mariage.
Galante comme elle est, qui que vous épousiez,
Quand vous en seriez saoul, vous me l’emprunteriez ;
Mais je la vois venir, Monsieur.

D. FERNAND.

Mais je la vois venir, Monsieur.C’est Isabelle.

GUZMAN.

Peste ! Encor une fois, que la friponne est belle !
Mon cœur en tombe presque en suffocation.

D. FERNAND.

C’est ici qu’il me faut pousser la passion.



Scène II.

D. FERNAND, ISABELLE, BÉATRIX, GUZMAN.
D. FERNAND.

Madame, enfin le ciel, à mon amour propice,
N’a pu de vos desseins approuver l’injustice,
Ni souffrir plus long-temps qu’un ordre rigoureux
Privât de votre vûe un amant malheureux.
Il a fait naître exprès une telle rencontre,
Aujourd’hui malgré vous à mes yeux il vous montre ;