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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/66

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D. FERNAND.

Si vous voulez, Madame, en croire l’apparence,
Le sujet qui m’amene est pour vous une offense ;
Et, par ce qui paroît, déclaré contre vous
J’ai mérité l’aigreur de tout votre courroux.
Je venois chez Dom Diégue, & vous pouvez me dire
Qu’il semble contre soi que mon amour conspire,
Puisque, m’y hazardant, je ne pouvois douter
Que le vôtre par-là n’eût tout à redouter ;
Mais j’atteste le ciel, qui voit toute mon ame,
Qu’on ne brûla jamais d’une si pure flamme ;
Et que, quoi qu’en ordonne un destin trop jaloux,
Je périrai plûtôt que n’être point à vous.

LÉONOR.

Un semblable serment a pour moi bien des charmes ;
Mais daignez m’épargner de puissantes alarmes ;
Et pour ne me laisser aucun lieu de souci,
Sans vouloir voir Dom Diégue, éloignez-vous d’ici.

D. FERNAND.

J’y consens ; mais pour prix d’une amour si fidéle,
Ne puis-je…

LÉONOR.

Ne puis-je…De ma part allez voir Isabelle ;
Et suivez un espoir qui vous est confirmé,
Si vous aimez autant que vous êtes aimé.

D. FERNAND.

Ah ! Si vous en doutez…

LÉONOR.

Ah ! Si vous en doutez…Retirez-vous, de grace,
Mon amour vous l’ordonne, & ma crainte vous chasse ;
Être ici plus long-temps ce seroit me trahir.
Adieu.

D. FERNAND.

Adieu.Vous le voulez, & je dois obéir.