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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/68

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ACTE IV



Scène I.

BÉATRIX, GUZMAN.
BÉATRIX, paroissant à la porte d’Isabelle au même temps que Guzman se présente pour entrer.

Guzman vient seul ici ? Qu’a-t-il fait de son maître ?

GUZMAN.

Je suis son Lieutenant quand il ne peut paroître.
Avec un grand parleur dans la rue arrêté,
Il trouve à le quitter quelque difficulté ;
Et s’il tarde un peu trop, craignant qu’on ne l’accuse,
Il m’envoie, en tous cas, en faire son excuse.
Il saura trancher court ; & peut-être il me suit.

BÉATRIX.

Enfin, on l’attendra plûtôt jusqu’à la nuit.
Mais pourquoi n’entrer pas ? Qui t’arrête à la porte ?

GUZMAN.

J’en avois à mon gré raison valable & forte ;
Mais on ne sauroit fuir ce qui doit arriver ;
Je craignois de te voir, & tu me viens trouver.

BÉATRIX.

Quoi, pour te faire peur, suis-je assez effroyable ?

GUZMAN.

Non pas ; mais je te crains pourtant comme le diable,
Et choisirois plûtôt, s’il dépendoit de moi,
D’être tenté par lui que de l’être par toi.

BÉATRIX.

Ne t’épouvante point ; si ton cœur en soupire,
Tu t’accoutumeras.