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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/78

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ISABELLE.

Je te souffre l’erreur qui t’a toujours flattée ;
Mais dans mon cœur enfin la chose est arrêtée ;
Et, quand Dom Dionis seroit tel que tu crois,
J’ai sû pour Dom Félix déterminer mon choix.
Son retour à Madrid que dans peu l’on espere,
S’il est toujours le même, achèvera l’affaire ;
Et si pour Léonor j’étois hors de souci…
Mais je vois Dom Juan.



Scène VI.

D. JUAN, ISABELLE, BÉATRIX.
ISABELLE.

Mais je vois Dom Juan.Qui vous fait rire ainsi ?

D. JUAN.

Je ris de l’embarras où, depuis plus d’une heure,
Avec un vieil ami Dom Dionis demeure.
Jamais plus de grands mots n’avoient encor si bien
Fait voir le haut talent de nos diseurs de rien.
Quoique l’on ait pû dire, & quoiqu’on ait pû faire,
Il a fallu l’entendre, enrager, & se taire.
Je les viens de laisser aux complimens d’adieu.

ISABELLE.

Dom Dionis ne fait que sortir de ce lieu.

D. JUAN.

Dom Dionis ?

ISABELLE.

Dom Dionis ?Lui-même.

D. JUAN.

Dom Dionis ?Lui-même.Oui, sans doute, Madame,
Je viens tâcher encor à surprendre votre ame ;
Mais me donnant la main, pour vous éclaircir mieux,
À trente pas d’ici vous en croirez vos yeux.