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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/87

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ACTE V



Scène I.

ISABELLE, LÉONOR, BÉATRIX.
ISABELLE.

La visite où pour vous ici je me dispense,
Peut-être choquera l’exacte bienséance ;
Et, quand pour Dom Félix on presse mon aveu,
Je n’entre point chez vous, sans en rougir un peu.
Aussi, quoi qu’à vous voir l’amitié m’autorise,
Je ne m’en croirois pas la liberté permise,
Si, le voyant absent, je ne venois sans peur
De rencontrer le frere où je cherche la sœur.
Vous m’avez confié votre secrette flamme ;
Et, sachant ce que peut Dom Fernand sur votre ame,
Ce seroit mal répondre à ce que je vous dois,
Que de vous refuser mon avis sur ce choix.

LÉONOR.

En l’état déplorable où l’amour m’a réduite,
J’ai bien besoin qu’on m’aide à régler ma conduite.
Cet époux qu’à Séville un pere m’a choisi,
Fait le chagrin mortel dont mon cœur est saisi.
De moment en moment il doit ici paroître ;
Et pleine du désordre où vous me voyez être,
J’ai mandé Dom Fernand pour résoudre avec lui
Ce que mon feu du sien peut attendre d’appui.
Comme il sait qui je suis, je n’ai plus lieu de feindre.

ISABELLE.

Donc à vous déclarer il a sû vous contraindre ?