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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/90

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De même qu’en tous lieux il nous plaît d’écouter,
Les hommes de leur part prennent droit d’en conter ;
Mais, de tant de galans, dont la fleurette roulle,
Il en est toujours un qu’on met hors de la foule.
Le cœur, quoi qu’il le cache, a son choix favori,
On préfere ; & c’est-là ce qui fait un mari.
C’est ainsi qu’un amant jamais ne se partage,
Que quelqu’une en secret n’ait toujours son hommage,
Et que ce Dom Fernand, qui vous fait les yeux doux,
Peut protester à cent, & n’adorer que vous.

ISABELLE.

Enfin de sa prison, ou fausse, ou véritable,
Dépend de ce qu’il est la preuve indubitable ;
C’est à quoi je m’arrête ; & vous devez juger
Qu’ici votre intérêt me peut seul engager.
Je dois un cœur fidéle aux vœux de votre frere ;
Et quand à tous objets son amour me préfere,
Le mien de ce qu’il vaut par ses respects instruit…
Mais, dieux ! Je vois Jacinte, & Dom Fernand la suit.

LÉONOR.

Que me disiez-vous donc, & quelles conjectures…

ISABELLE.

Sur ce que vous savez prenez bien vos mesures.
[à Béatrix.]
Hé bien, ce n’est pas fourbe encor que sa prison ?

BÉATRIX.

À la fin je crains bien que vous n’ayez raison.