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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/91

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Scène II.

ISABELLE, LÉONOR, D. FERNAND, GUZMAN, JACINTE, BÉATRIX.
D. FERNAND à Guzman.

Que je trouve Isabelle avec mon inconnue ?

GUZMAN.

Nous avons tous notre heure, & la vôtre est venue,
Monsieur, c’est sans reméde, il faut passer le pas.

LÉONOR, à D. Fernand.

Vous voir est un bonheur que je n’attendois pas.
Sur un bruit, Dom Fernand, qui m’avoit mise en peine,
J’avois lieu de tenir cette espérance vaine ;
On parloit de disgrace & d’emprisonnement.

D. FERNAND, montrant Isabelle.

J’étois avec Madame en ce fâcheux moment ;
Mais, comme dans la cour, contre la violence
J’ai des amis puissans qui prennent ma défense,
À peine ont-ils appris que j’étois arrêté,
Qu’ils ont fait de leur rang agir l’autorité.
Leur parole donnée a causé ma sortie.

ISABELLE.

C’est avoir promptement dressé votre partie.
Leur envoyer l’avis, prendre leur caution,
Trouver, suivre Jacinte à l’assignation,
Le tout en moins d’une heure, & dans un temps si juste,
Qu’il semble qu’à vos vœux chaque moment s’ajuste ;
Qui, pour aller si vîte, a des ressorts tout prêts,
S’il n’est quelque peu fourbe, a d’étranges secrets.

D. FERNAND.

L’amour est un grand maître, & tout le favorise.