Et si mon triste espoir n'est par vous affermi,
Oronte, c'en est fait, vous n'avez plus d'ami.
Je vous cachois toujours cette ardeur violente ;
Mais plus j'approche d'elle, et plus elle s'augmente.
Où je ne la vois point je ne fais que languir. »
A ces mots je n'ai pu retenir un soupir
Ni m'empêcher de dire en faveur de ma flamme
Que vous saviez déjà le secret de mon ame.
« Vous m'avez prévenu? Soyez amant heureux,
M'a-t-il dit, c'est à moi de céder à vos feux.
Quels qu'en soient les ennuis,vous n'avez rien à craindrs
Je mourrais mille fois plutôt que de m'en plaindre,
Plutôt que d'avouer ce que je souffre. » Alors,
Faisant sur sa douleur de violens efforts,
Il a couru vers vous et parlé de peinture.
Vous craignez plus pour lui peut-être qu'il n'endure.
Je saurai son secret.
II voudra le cacher;
Je le connois, en vain vous croirez l'arracher.
Tandis qu'il languira d'ennui, d'inquiétude,
A démentir sa peine il mettra son étude;
Feignant d'être content..,
Nous croirons qu'il le soit.
Le puis-je avec honneur? Madame, il en mourroit.
Comme on ne m'a jamais imputé de bassesse...
Soit pour vous,soit pour lui, voyez toujours ma nièce.
A l'hymen du baron... Mais le voici,
J'en tiens.
Si Léandre...
Scène V
{{didascalie|La montagne