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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/201

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Scène III

Prussias, Nicomède, Araxe

Prusias

Prince, Annibal sans doute aura quelques alarmes
De voir qu’Attale et moi nous mettions bas les armes,
Et que la paix jurée assure à nos États
Un calme qui pour vous doit être sans appas.
Ses leçons vous charmoient, et sous un si grand Maître
Votre jeune valeur se plaisoit à paroître.
Rome en a pris ombrage, et l’Accord arrêté
Est devenu pour nous une nécessité.
À n’y déférer pas je rompois avec elle ;
Je lui faisois d’Attale embrasser la querelle,
Et l’éclat d’un refus pour nous trop hasardeux,
Au lieu d’un Ennemi, nous en attiroit deux.

Nicomède

Quelque bouillante ardeur que la guerre m’inspire,
Vous préférez la paix, c’est à moi d’y souscrire ;
Mais permettez, Seigneur, que contre les Romains
J’oppose vos bontés au malheur que je crains.
Je sais que d’Annibal ils cherchent la ruine,
Que toujours même haine en leurs cœurs s’enracine.
L’adroit Flaminius a beau dissimuler,
Il ne vient…

Prusias

C’est sur quoi je voulois vous parler.
Depuis que dans ses lieux Flaminius m’observe,
J’ai dû pour Annibal montrer quelque réserve,
Et tâcher de guérir par cet amusement
Les soupçons qu’on a pris de mon attachement.
Mais comme les froideurs qu’il est bon que j’affecte,
Pourroient avec le temps rendre ma foi suspecte,