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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/202

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Prévenez Annibal, et lui jurez pour moi
Tout ce qu’a de sacré la parole d’un Roi ;
Que le Romain parti, je dois trop à ma gloire
Pour…

Nicomède

Il est un moyen de lui faire tout croire.
Si vous l’autorisez…

Prusias

Quel que soit ce moyen,
Offrez, promettez tout, je ne réserve rien.

Nicomède

Après ce doux aveu, Seigneur, j’ose vous dire
Que mon cœur en secret depuis longtemps soupire,
Et que par un pouvoir à mon repos fatal,
Élise…

Prusias

Vous aimez la Fille d’Annibal ?

Nicomède

Oui, Seigneur, je l’adore, et ne puis plus vous taire
Que la Fille sur moi peut autant que le Père.
Si la vertu de l’un tient tout mon cœur charmé,
Pour la beauté de l’autre il est tout enflammé,
Et dans la passion où ce cœur s’abandonne…

Prusias

N’avez-vous découvert cet amour à personne ?

Nicomède

Il est connu d’Élise, à qui j’ai cru devoir…

Prusias

Vous en êtes aimé ?

Nicomède

Je n’ai pu le savoir,
Mais sans doute son choix suivra celui d’un Père.

Prusias

Je pardonne à votre âge un aveu téméraire,
Prince, vous êtes jeune, et votre aveuglement
Presse plus ma pitié que mon ressentiment.
Ouvrez, ouvrez les yeux, et pour un fol caprice
Voyez-vous sur le bord d’un affreux précipice.