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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/209

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Scène VI

Prusias, Araxe

Prusias

Et bien, quelle preuve plus claire
Que mon fils est aimé, que c’est lui qu’on préfère ?
La haine que pour Rome ils montrent tour à tour
Fait voir dans ce rapport celui de leur amour.
Ce n’est point un soupçon, j’en vois la certitude.
Affranchissons mon cœur de cette inquiétude,
Et puisque cet obstacle à mes vœux est fatal,
Pour n’avoir rien à craindre éloignons ce Rival.
L’Ambassadeur de Rome ici me favorise.
Il faut lui découvrir que mon Fils aime Élise,
Et demain avec lui, sans en faire d’éclat,
Sous prétexte d’honneur l’envoyer au Sénat.

Araxe

Mais si vous regardez son amour comme un crime,
Comment rendre, Seigneur, le vôtre légitime ?
Rome vous verra-t-elle impunément jouir…

Prusias

Mon zèle aura paru, c’est de quoi l’éblouir.
Peut-être qu’elle-même, obligée à se rendre,
Redoutant Annibal, me voudra voir son Gendre,
Et s’assurer par moi de l’inquiète ardeur,
Qui l’a toujours rendu jaloux de sa grandeur.

Araxe

Mais d’une et d’autre part votre espérance est vaine.
Élise veut, Seigneur, qu’on épouse sa haine,
Et que…

Prusias

Lorsqu’il s’agit de voir nos vœux contents,
Promettons tout, Araxe, et laissons faire au temps.