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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/208

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Et que pour prix des soins qu’en eut votre pitié,
Son hymen des Romains vous coûte l’amitié ?
Si déjà, sur l’appui que trouve ici mon Père,
Nous voyons dans leur plainte éclater leur colère,
Que n’essuieriez-vous point de leurs chagrins jaloux
Si des nœuds plus étroits nous unissoient à vous ?
Fuyez, fuyez les maux qui suivent nos personnes.
Ces dignes Conquérants sont maîtres des Couronnes,
Et quoi que vous fît croire un dépit généreux,
Pour régner sûrement, il faut régner par eux.

Prusias

De ma fidélité Rome a trop d’assurance
Pour me laisser longtemps craindre sa défiance,
Et sur cette union, quel que soit le danger,
S’il nous faut son aveu, je puis le ménager.
Pourvu que de mon Fils vous approuviez la flamme,
Que ses voeux…

Élise

Connaissez, Seigneur, toute mon âme.
Le Prince a des vertus qu’on ne peut égaler,
Mais quelque feu pour lui dont je pusse brûler,
Je le dédaignerois si d’une ardeur ouverte
Des Romains que j’abhorre il ne juroit la perte.
De ma haine pour eux mon amour prend la loi,
Et c’est la seule dot que j’apporte avec moi.
Ainsi point de Mari capable de me plaire,
Qui ne venge Carthage, et l’exil de mon Père.
L’Univers affranchi de ses cruels Tyrans
Est tout ce qui me flatte, à ce prix je me rends.
Adieu, Seigneur.