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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/234

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C’est donc là le respect que vous portez à Rome ?
Ignorez-vous qu’un Roi chez elle n’est qu’un homme,
Et que pour renverser les plus grands Potentats,
Elle n’a tout à coup qu’à retirer le bras ?
Ce Trône chancelant qu’alloit sans résistance
D’un Voisin redoutable entraîner la puissance,
Vous l’a-t-elle remis, et rendu son égal,
Afin de couronner la Fille d’Annibal ?
Le titre d’Allié dont elle vous honore,
Ne vaut pas se priver d’un Objet qu’on adore,
Et cet honneur n’a rien que ne laisse terni
Le nom rare et pompeux de Gendre d’un Banni ?
N’en croyez que l’amour, et sans inquiétude
Accordez tout contre elle à votre ingratitude.
Le temps vous apprendra s’il vous étoit permis
De vous unir contre elle avec ses Ennemis

Attale

Touchant quelque hauteur qui semble me confondre
Je laisse à Prusias le soin de vous répondre,
Seigneur, ce qu’il dira sera d’un plus grand poids.
Il a part au mépris que vous faites des Rois,
Et comme dès longtemps il sait ce que demande
La Majesté du rang qu’il est beau qu’il défende,
Il saura contre vous soutenir mieux que moi,
Et la splendeur du Trône, et le titre de Roi.
Au regard d’Annibal, et de l’hymen d’Élise,
Avouant mon amour j’ai montré ma franchise ;
Et s’il doit m’attirer les foudres du Sénat,
Vous m’en donnez l’avis, j’en attendrai l’éclat.
Voyez bien seulement si j’en paroîtrai digne