Et quand vers Annibal ma parole m’engage,
Rome n’a pas plus lieu d’en prendre de l’ombrage.
Son asile étoit sûr, vous l’y pouviez laisser.
Vous voyez toutefois qu’il y veut renoncer,
Et que dans votre foi le vif éclat qui brille
Ne saurait…
Mais enfin vous épousez sa Fille ?
Je n’avois pas prévu que contre le Sénat
Disposer de mon cœur dût être un attentat.
Pour Élise, il est vrai, l’amour me sollicite,
Mais de quoi m’accuser lorsque je vous imite ?
Quoi, l’on me voit prétendre au nom de son Époux ?
Non, Seigneur, ce soupçon ne tombe point sur vous.
L’hymen vous siéroit mal, et dans l’âge où vous êtes,
Aux tendres passions peu d’âmes sont sujettes ;
Mais lorsque d’Annibal vous vous fîtes l’appui,
Vous vouliez seulement vous assurez de lui,
Prévenir ce qu’ailleurs il pouvoit entreprendre.
Par un zèle aussi pur je veux être son Gendre,
Et l’empêcher de mettre en de mauvaises mains
Un dépôt, dont la garde est utile aux Romains.
J’ai voulu vous laisser par ces raisons frivoles
Étaler votre esprit, et perdre des paroles.
Mais enfin, moi présent, et sans m’en consulter,
On vous offre une main, vous osez l’accepter ?
Vous osez à mes yeux, enflé du rang suprême,
Trancher du Souverain, ordonner de vous-même,
Et sans songer par qui Pergame est sous vos lois
Votre amour prétend faire une Reine à son choix ?