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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/236

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Et que par trop d’aigreur nous ne l’exposions pas
À prendre contre nous des sentiments ingrats.
Son amour satisfait, sans doute il aura peine
À vouloir faire tête à la grandeur Romaine,
Et sur cet hyménée où je le vois porté,
Sa foi nous répondra de sa sincérité.

Prusias

Quoi, vous consentiriez à lui donner Élise ?

Flaminius

C’est à quoi du Sénat l’intérêt m’autorise.
Ne pouvant éviter qu’elle prenne un Époux
Si je refuse Attale, où le choisirons-nous ?
Par qui mieux que par lui pouvoir s’assurer d’elle ?

Prusias

Par moi, Seigneur, par moi dont vous savez le zèle,
Et qui tout au Sénat, ne puis voir sans rougir
Que je parle, et qu’un autre ait la gloire d’agir.

Flaminius

Que dites-vous, Seigneur ?

Prusias

Que pour vous être utile
Je voulus qu’Annibal chez moi trouvât asile,
Et qu’avec même ardeur, du même esprit poussé,
J’achèverai pour vous ce que j’ai commencé.
J’épouserai sa fille.

Flaminius

Ô digne effort d’un zèle
Qui ne cherchant que Rome immole tout pour elle !
Vous forcer à l’hymen ? Vous m’en voyez surpris.

Prusias

Je sers la République, et j’en reçois le prix.

Flaminius

Non, non, elle doit trop à vos rares services
Pour accepter de vous pareils sacrifices.
Quoi qu’Annibal impute à ses justes rigueurs,
Elle se connoît mal à contraindre les coeurs.

Prusias

Le mien ne promet rien que ma foi n’accomplisse.