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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/237

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Flaminius

Un hymen sans amour est un trop dur supplice.

Prusias

Jamais je n’en aurai la moindre repentir,
Et pourvu…

Flaminius

Non, Seigneur, je n’y puis consentir,
Aux intérêts de Rome Attale peut suffire.

Prusias

Et bien ; j’aime, Seigneur, puisqu’il faut vous le dire,
Jouissez d’un aveu qu’il vous plaît d’arracher.

Flaminius

Vous aimeriez Élise, et l’auriez pu cacher ?

Prusias

Jugez par cet effort si je vous suis fidèle.
En vain mes yeux cent fois m’ont dit qu’elle étoit belle,
En vain mon cœur surpris en a cru sa langueur,
J’ai fait taire mes yeux, j’ai démenti mon cœur,
Et ce m’étoit assez pour chercher à le faire,
De songer qu’en aimant je pouvois vous déplaire.
Mais enfin aujourd’hui que vous me faites voir
Que cet amour n’a rien qui blesse mon devoir,
Et que par un motif que Rome favorise,
Je puis vous obliger en épousant Élise,
Je rappelle des feux dont les charmes trop doux
N’avoient été bannis que par respect pour vous.
Votre intérêt soutient l’ardeur qui me consume,
Lui seul l’avoit éteinte, et lui seul la rallume.
Accordez donc, Seigneur, à mes brûlants souhaits
La gloire d’un hymen qui confirme la paix.
Quelque flatteur appas que mon amour y voie,
Montrer mon zèle à Rome est ma plus forte joie ;
Et j’atteste les Dieux qu’en un si grand projet
Tout mon cœur est pour elle, et n’a point d’autre objet.