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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/245

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Prusias

S’il est tel que vos feux permettent qu’on le croie,
Vous pourriez sans péril m’avancer cette joie.

Attale

Il est vrai qu’aimant Rome au point que vous l’aimez,
Vous prendrez part à l’heur qui tient mes sens charmés,
Flaminius d’abord m’a traité de rebelle ;
Mais enfin le voulant convaincre de mon zèle,
J’ai su si bien entrer dans tous ses intérêts,
Que par l’hymen d’Élise il comble mes souhaits.

Prusias

Flaminius consent…

Attale

Oui, que j’épouse Élise.
Vous en votez ma joie, en vain je la déguise,
Mes yeux la font paroître.

Prusias

Et pour un si grand bien
Vous avez crû devoir ne lui refuser rien ?

Attale

Il n’est vers le Sénat aucun refus sans crime.
Quoi qu’il veuille exiger il rend tout légitime ;
Et puis, pour un Objet où brillent mille appas,
Quand l’amour est pressant, que ne feroit-on pas ?

Prusias

Quoi, céder à l’amour, et s’en laisser surprendre,
Jusqu’à…

Attale

Que voulez-vous, Seigneur ? J’ai le cœur tendre,
Et n’ai pas tant vécu qu’on doive présumer
Que déjà je me fasse une honte d’aimer.

Prusias

C’est à fuir ce qui plaît qu’on montre son courage.

Attale

Ce genre de prudence est un effet de l’âge,
Et jeune, et plein d’amour, au point où je me vois,
Peut-être seriez-vous aussi foible que moi.