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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/255

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Jugez s’ils auront peine à s’y faire passage.

Élise

Et bien, Attale, et bien mon soupçon vous outrage ?

Attale

Les Romains nous surprendre !

Élise

Et pour ce coup fatal,
Tandis qu’on s’y prépare, on amuse Annibal.

Attale

Madame, les effets me vont faire connoître.
Je vois la trahison, je trouverai le traître,
Vous verrez si mon cœur sous Rome est asservi.
Heureusement, Seigneur ma Garde m’a suivi.
Dans cet appartement elle m’a fait escorte ;
Je vais l’encourager à nous prêter main forte,
Et j’atteste les Dieux qu’en ce pressant danger,
Je périrai moi-même, ou saurai vous venger.

Élise

Seigneur, vous fierez-vous à des serments frivoles ?

Annibal

Le temps nous est trop cher pour le perdre en paroles.
Sans trop chercher l’auteur de cette trahison,
Il faut malgré le Sort nous en faire raison.
Par une belle audace étonnons des Perfides,
Allons au-devant d’eux, les Traîtres sont timides,
Et pour épouvanter leur lâche Général,
Peut-être il ne faudra que montrer Annibal.
Au moins s’il faut périr, en leur vendant ma vie,
Faisons-les souvenir de Cannes, de Trébie.