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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/254

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Mais dans ce qu’on publie, il est de la prudence
De ne pas s’exposer à trop de confiance.

Attale

Dites, dites plutôt que mon espoir est vain,
Que vous me soupçonnez pour m’ôter votre main.
Et que des feux plus doux l’emportant sur ma flamme…

Élise

Quoi, vous croyez en moi tant de bassesse d’âme ?
Quand j’aurois de l’amour, il sauroit m’obéir ;
Mais je l’ai dit cent fois, je ne sais que haïr.
L’art de toucher mon cœur, c’est de servir ma haine,
Et pour vous en donner une preuve certaine,
Partons, me voilà prête, allons dans vos États ;
Contre l’orgueil de Rome armons cent mille bras,
Et nous y faisant jour à force de batailles,
Montrons-nous, s’il se peut, au pied de ses murailles.
Là, vous voyant contre elle un Ennemi certain,
Avec pompe à ses yeux je vous donne la main,
Et pour vous et pour moi, par une gloire égale,
Son sang sera le sceau de la foi conjugale ;
Mais que Flaminius, si j’accepte un Époux,
Se mêle insolemment de me donner à vous…


Scène VIII

Annibal, Élise, Attale, Alcine

Alcine

Ah, Madame ! Ah, Seigneur ! Songez à vous défendre.
Sans doute les Romains cherchent à vous surprendre.
De la Cour du Palais maîtres en un moment
Ils ont presque investi tout cet appartement.