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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/257

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ACTE V



Scène Première

Élise, Prusias, Araxe

Élise

Quoi, je vous vois, Seigneur, et bien que l’insolence,
Dont on use envers nous vous demande vengeance,
Votre honneur, votre foi sont des fantômes vains
Lorsqu’il faut s’opposer au crime des Romains ?

Prusias

Pour détruire un projet à nos vœux si contraire
Je n’ai rien oublié de ce que j’ai pu faire.
À peine l’ai-je appris que ce rapport fatal
M’a fait tout indigné courir vers Annibal.
J’ai mis autour de lui ceux des miens dont le zèle
M’a pour le seconder paru le plus fidèle ;
Mais voyant les Romains, malgré tous nos efforts,
Contre lui, contre moi se rendre les plus forts,
J’ai cru que pour répondre à la foi qui m’engage
Il falloit empêcher qu’on ne vous fît outrage.
Voilà ce qui m’amène, et je viens vous offrir
Tout ce que peut un Roi qui veut vous secourir.

Élise

Ce zèle est obligeant, généreux, magnanime.

Prusias

Ah, si vous connoissiez l’ardeur dont il m’anime,
Quels feux depuis longtemps dans mon cœur renfermés
Vous ont faite…

Élise

Oui, Seigneur, je sais que vous m’aimez,