Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/289

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Faudra-t-il que de lui je me cache toujours ?

Olimpe

Ne t’inquiète point, encor deux ou trois jours,
Son chagrin passera, j’en réponds.

Lucrèce

Mais, Virgine,
Apprends-nous quel époux mon oncle lui destine.

Virgine

Un Marquis, si charmé, dit-il, de ses appas,
Qu’il se pendra demain s’il ne l’épouse pas,
Le Marquis de Lorgnac.

Olimpe

Quoi, j’en serois aimée ?

Virgine

De votre cabinet, où j’étois enfermée,
Je viens d’entendre tout ; sur mon âme il dit d’or.
Vos attraits sont pour lui le plus riche trésor.
Le bonhomme se rend aux désirs qui le pressent,
Et de l’heure qu’il est les articles se dressent.

Olimpe

Sans m’avoir consultée ?

Virgine

Eh, pour se marier,
Est-il fille aujourd’hui qui se fasse prier ?
Et puis, quand il s’agit du grand nom de Marquise…

Olimpe

Fort bien. Chez moi pourtant l’esprit seul est de mise,
Et de quelque haut rang que l’on me pût flatter,
Un sot qui m’en voudroit n’auroit qu’à décompter.

Oronte

Je crains donc bien qu’ici le Marquis ne décompte.
Il donne lieu sans cesse à quelque nouveau conte,
Et sur ce qu’on en dit, ce n’est pas son défaut
Que d’avoir eu jamais plus d’esprit qu’il ne faut.
Il croit charmer partout, fait le beau, l’agréable.

Lucrèce

Que vous me faites peur !