Faudra-t-il que de lui je me cache toujours ?
Ne t’inquiète point, encor deux ou trois jours,
Son chagrin passera, j’en réponds.
Mais, Virgine,
Apprends-nous quel époux mon oncle lui destine.
Un Marquis, si charmé, dit-il, de ses appas,
Qu’il se pendra demain s’il ne l’épouse pas,
Le Marquis de Lorgnac.
Quoi, j’en serois aimée ?
De votre cabinet, où j’étois enfermée,
Je viens d’entendre tout ; sur mon âme il dit d’or.
Vos attraits sont pour lui le plus riche trésor.
Le bonhomme se rend aux désirs qui le pressent,
Et de l’heure qu’il est les articles se dressent.
Sans m’avoir consultée ?
Eh, pour se marier,
Est-il fille aujourd’hui qui se fasse prier ?
Et puis, quand il s’agit du grand nom de Marquise…
Fort bien. Chez moi pourtant l’esprit seul est de mise,
Et de quelque haut rang que l’on me pût flatter,
Un sot qui m’en voudroit n’auroit qu’à décompter.
Je crains donc bien qu’ici le Marquis ne décompte.
Il donne lieu sans cesse à quelque nouveau conte,
Et sur ce qu’on en dit, ce n’est pas son défaut
Que d’avoir eu jamais plus d’esprit qu’il ne faut.
Il croit charmer partout, fait le beau, l’agréable.
Que vous me faites peur !