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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/321

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Et le bonheur d’un seul, par ses flatteurs appas,
Cause bien des soupirs que vous n’entendez pas.

Lucrèce, à Olimpe

Est-il stupide ?

Olimpe

Non, j’en suis assez contente ;
Mais le Marquis, c’est bien autre chose, il enchante.

Au Chevalier.

J’étois peu préparée à recevoir de vous
Des éloges conçus en des termes si doux ;
Je les trouve un peu forts.

Le Chevalier

S’ils n’ont rien qui vous touche,
C’est qu’ils perdent leur grâce en passant par ma bouche ;
Mais l’absence, où je suis tout prêt à recourir,
Vous laissera de moi peu de chose à souffrir.

Lucrèce

Vous nous abandonnez ?

Le Chevalier

Paris m’est trop contraire.
Le Ciel depuis longtemps m’y voit d’un œil sévère,
Et peut-être qu’ailleurs j’aurai le sort plus doux.

Olimpe

Quel malheur assez grand vous éloigne de nous ?

Le Chevalier

Celui de trop aimer, et de ne savoir plaire.

Olimpe

La Dame est bien cruelle.

Le Chevalier

Ah Dieux, qu’elle m’est chère !
Quoique ses durs mépris me causent mille maux,
Je n’ai point à m’en plaindre, elle sait mes défauts ;
J’en dois subir la peine, en aimer la justice.

Lucrèce

Il n’est point de rigueur que le temps ne fléchisse.
Voyez, parlez, pressez, pourquoi vous rebuter ?