Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/432

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Preste à sentir le coup qui devoit t’accabler,
C’étoit lors que l’honneur t’obligeoit à trembler.
Mais de ton cœur séduit les mouvements rebelles…


Scène IV


Amalasonte, Honoric, Gepilde.

HONORIC.

Je viens vous apporter de fâcheuses nouvelles,
Madame, Théodat échappé malgré nous,
Est maître de la ville, et s’il le veut, de vous.

AMALASONTE.

Sa prison est forcée ?

HONORIC.

Oui, tout cède à l’orage.
Les Mutins par le fer s’y sont ouvert passage ;
Trasimond à leur tête, et l’insolent Theudis,
Ont appuyé ce crime, et s’en sont applaudis.
Votre trône affermi par le sang de leurs pères,
Leur laisse un souvenir qui les rend téméraires.
Résolus de périr, ou de venger leur mort,
Ils osent décider tout haut de votre sort,
Et tâchent d’obtenir, pour voir l’État tranquille,
Qu’en se faisant leur roi, Théodat vous exile.
Voilà jusqu’où leur haine a poussé l’attentat.

AMALASONTE.

Ah, pourquoi n’avoir pas immolé Théodat ?
La révolte à ma gloire eût été moins funeste,
Vous eussiez par sa mort épouvanté le reste ;
Le nombre est peu de chose, où le Chef a manqué.

HONORIC.

Au milieu des mutins qui l’auroit attaqué ?
Ils ne permettent point que ses jours se hasardent ;
L’ayant choisi pour roi, ce sont eux qui le gardent.