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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/472

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Quoi, tous deux interdits ! Est-ce là pour confondre…

Dom Juan

Tu ne répondras pas ?

Sganarelle

Je n’ai rien à répondre.

Dom Juan

Veux-tu parler, te dis-je ?

Sganarelle

Et bien, allons tout doux.
Madame…

Elvire

Quoi ?

Sganarelle, à Dom Juan

Monsieur.

Dom Juan

Redoute mon courroux.

Sganarelle

Madame, un autre monde avec quelque autre chose,
Comme les conquérants, Alexandre, est la cause
Qui nous a fait en hâte, et sans vous dire adieu,
Décamper l’un et l’autre, et venir en ce lieu.
Voilà pour vous, Monsieur, tout ce que je puis faire.

Elvire

Vous plaît-il, Dom Juan, m’éclaircir ce mystère ?

Dom Juan

Madame, à dire vrai, pour ne pas abuser…

Elvire

Ah, que vous savez peu l’art de déguiser !
Pour un homme de Cour qui doit avec étude
De feindre, de tromper avoir pris l’habitude,
Demeurer interdit, c’est mal faire valoir
La noble effronterie où je vous devrois voir.
Que ne me jurez-vous que vous êtes le même ;
Que vous m’aimez toujours autant que je vous aime,
Et que la seule mort dégageant votre foi,
Rompra l’attachement que vous avez pour moi ?
Que ne me dites-vous qu’une affaire importante
A causé le départ, dont j’ai pris l’épouvante ;