Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/611

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Oui, je le punirai de n’avoir pu connoître
Qu’en parlant pour Thésée, il parloit pour un Traître,
D’avoir… Mais le voici. Contraignons-nous si bien,
Que de mon artifice il ne soupçonne rien.


Scène IV

.
Ariane, Thésée, Phèdre, Nérine

ARIANE.

Enfin à la raison mon courroux rend les armes ;
De l’Amour aisément on ne vainc pas les charmes.
Si c’étoit un effort qui dépendît de nous,
Je regretterois moins ce que je perds en vous.
Il vous force à changer, il faut que j’y consente.
Au moins c’est de vos soins une marque obligeante,
Que par ces nouveaux feux ne pouvant être à moi,
Vous preniez intérêt à me donner au Roi.
Son Trône est un appui qui flatte ma disgrâce ;
Mais ce n’est que par vous que j’y puis prendre place.
Si l’infidélité ne vous peut étonner,
J’en veux avoir l’exemple, et non pas le donner.
C’est peu qu’aux yeux de tous vous brûliez pour une autre.
Tout ce que peut ma main, c’est d’imiter la vôtre,
Lorsque par votre hymen m’ayant rendu ma foi,
Vous m’aurez mise en droit de disposer de moi.
Pour me faire jouir des biens qu’on me prépare,
C’est à vous de hâter le coup qui nous sépare.
Votre intérêt le veut encor plus que le mien.

THESEE.

Madame, je n’ai pas…

ARIANE.

Ne me répliquez rien.