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ACTE III.



Scène I.

D. FERNAND, D. CÉSAR.
D. Fernand.

N’y pensons plus, mon fils, ces choses sont passées,
Qu’entre nous à jamais elles soient effacées.
Le brusque entêtement qui vous fit marier,
Fut un coup de jeune homme, il le faut oublier,
Et songer seulement à bien goûter la joie
Qu’après de longs chagrins le ciel par vous m’envoie.
Je vous aime, agissez avec moi comme un fils
À qui tout ce que j’ai de fortune est acquis.
Je veux avant ma mort pourvoir à ma famille.
Je ne suis déjà plus en peine pour ma fille,
Ce soir pour son hymen on doit tout arrêter.

D. César.

Mon pere, il seroit bon de ne se point hâter,
Vous avez du bien…

D. Fernand.

Vous avez du bien…Oui, mais non pas pour prétendre
Celui que mon bonheur m’a fait trouver pour gendre.
Il est riche au-delà de tout ce qu’on en croit.
Je sai depuis dix ans…

D. César.

Je sai depuis dix ans…Quelque riche qu’il soit,
Si j’osois proposer un ami que j’estime,
Le choix vous sembleroit peut-être légitime.
Quand il n’aurait de bien que ce que je connois,
Cela va loin. De taille il est fait comme moi,