Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/124

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Vous contenter, vous plaire est tout ce qui m’importe.

D. Fernand.

Mais il faudra prouver que votre femme est morte,
N’en apportez-vous pas quelque attestation ?

Carlin à D. Fernand.

Il l’a ; mais pardonnez à son affliction.
Vous avez réveillé la douleur sans son ame.
La pauvre défunte ! Ah ! Monsieur, la brave femme !
Belle comme le jour, douce comme un agneau,
Franchement, c’est dommage.

D. César.

Franchement, c’est dommage.Elle est dans le tombeau.
Hélas !

Carlin.

Hélas !Depuis deux ans la pleurer c’est sa gloire.

D. Fernand.

Comment s’en souvient-il, s’il n’a point de mémoire ?

Carlin.

Ah, Monsieur, une femme est un mal d’embarras,
Qui tient comme le diable, on ne s’en défait pas.
Il n’est oubli qui tienne, il faut que l’on y songe.

D. Fernand.

Tire-le, si tu peux, du chagrin qui le ronge,
Je te laisse avec lui.

D. César.

Je te laisse avec lui.Mon pere, c’en est fait,
D’un tendre souvenir c’est le dernier effet ;
N’en appréhendez rien.

D. Fernand.

N’en appréhendez rien.Tâchez donc, je vous prie,
D’obtenir qu’au plûtôt votre sœur se marie.
Je vais vous l’envoyer.

D. César.

Je vais vous l’envoyer.Soyez sûr de mes soins.

D. Fernand.

C’est assez.

D. César.

C’est assez.Les effets en seront les témoins.