Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/133

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Il se connoît en gens.

D. César.

Il se connoît en gens.C’est de quoi je me pique.

D. Pascal.

Votre sœur Isabelle est un peu lunatique.

D. César à Carlin.

Isabelle ! Vois-tu qu’il est de mon destin
Que j’aime une Isabelle ?

Isabelle.

Que j’aime une Isabelle ?Ah, mon frere !

D. César.

Que j’aime une Isabelle ?Ah, mon frere !Carlin,
Qu’elle est charmante !

Isabelle.

Qu’elle est charmante !Il faut l’avouer, j’eusse eu peine
À croire en vous pour moi ce sentiment de haine ;
Car sur ce triste hymen me parler d’obéir,
L’appuyer contre moi, c’est plus que me haïr.

D. Pascal.

Ah, vous en faites donc ainsi la dégoûtée ?
Sans le beau-frere, allez, vous seriez rejettée,
Et j’irois de ce pas, où me faisant honneur,
Je suis sûr que le oui se diroit de grand cœur

Isabelle.

Vous pouvez y aller ; car je vous certifie
Que si c’est sur vos biens que votre amour se fie,
Je n’en fais aucun cas, & croi valoir assez,
Pour ne pas m’abaisser autant que vous pensez.

D. Pascal.

Vous vous abaisseriez en m’épousant ?

Isabelle.

Vous vous abaisseriez en m’épousant ?Sans doute.

D. Pascal.

Gardez que je n’éclate, & qu’il ne vous en coûte.

D. César.

Ah, ma sœur !