Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/160

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Hier encor, qui l’eût mis sur ce qu’il vous explique,
C’eût été de l’Hébreu pour lui, point de réplique ;
Les lieux nataux ouvrant les portes de l’esprit…

D. Fernand.

Carlin sait de grands mots.

D. César.

Carlin sait de grands mots.Et fort peu ce qu’il dit.

Carlin.

Si je dis mal, du moins je sai ce que je pense.
Tâchez à rattraper votre réminiscence,
Tout le reste ira bien.

D. Fernand.

Tout le reste ira bien.Et quand pourrons-nous voir
Cet autre Dom César ?

Carlin.

Cet autre Dom César ?Peut-être dès ce soir ;
Nous sommes de Séville ici venus vous voir ensemble.

D. Fernand.

Je ne sais où j’en suis, car enfin il me semble
Qu’Enrique à m’abuser n’ayant point d’intérêt,
Devroit m’avoir conté la chose comme elle est.
Pourquoi d’un Imposteur appuyer l’entreprise ?

D. César.

Quand vous lui parlerez, vous saurez la surprise.
Je crains peu que d’un fourbe il veuille être l’appui.

D. Fernand.

J’entens quelqu’un qui monte, & peut-être est-ce lui.
Retirez-vous, mon fils ; je veux de cette affaire,
Lui parlant seul à seul, pénétrer le mystere.

D. César à Carlin.

Allons voir Isabelle, & l’amenons ici.

D. Fernand seul.

Que peut prétendre Enrique à me tromper ici ?
À croire un imposteur il m’a vû trop facile.
Tous ceux qui connoissoient la carte de Séville,
De mon gendre futur m’avoient dit trop de bien,
Pour le voir sans mérite, & ne soupçonner rien.
Son abord, ses discours remplis d’extravagance…