Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais lorsque son emploi de tous côtés l’attire,
D’où vient qu’elle s’arrête ici ?
  

L’Amour et la Renommée paraissent portés chacun sur un nuage.




Scène II


MARS, LA FORTUNE, LA RENOMMÉE, L’AMOUR.


la renommée

N’en soyez point surpris ; le pénible voyage
Où jusqu’au bout de l’univers,
Pour vanter ses Vertus chez cent Peuples divers,
Le Monarque des Lis de jour en jour m’engage,
M’a déjà tant de fois fait traverser les airs,
Qu’il faut qu’en m’arrêtant enfin je me soulage.
Dans les Siècles passés j’ai bien vu des Héros.
Alexandre et César m’ont donné de la peine,
Mais au moins dans leur course ils reprenoient haleine,
Et me laissoient quelque repos.
LOUIS n’en connoît point ; son âme toujours prête
À s’éprouver dans les combats,
À peine a médité la plus haute Conquête,
Qu’à la Victoire il fait suivre ses pas.
Chaque instant de sa vie est un nouveau miracle.
Vingt princes dont il fut l’appui,
Arment vainement contre lui.
À ce qu’il entreprend rien ne peut mettre obstacle ;
Et ces jaloux de sa grandeur,
Forcés partout à céder la victoire,
Ne combattent jamais que pour lui faire honneur,
Et donner du lustre à sa gloire.