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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/187

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Ainsi pour m’acquitter de ce que je lui dois,
J’ai beau presser mon vol, et me hâter de dire
Ce qu’avec moi tout l’Univers admire.
Mes cent bouches pour lui s’ouvrent tout à la fois ;
Et je n’y puis encor suffire.

mars

S’il faut ne rien dissimuler,
La plainte me paroît nouvelle.
Quoi, vous, qui si souvent sur des contes en l’air
Redites mille fois la même bagatelle,
Vous vous fâchez d’avoir à trop parler ?

la renommée

Je prends sans murmurer tout l’emploi qu’on me donne ;
Mais enfin j’ai peine à souffrir
D’être forcée à discourir
Toujours de la même Personne.
Sur chaque nouveauté, comme en tout elle plaît,
J’aime à dire ce que je pense ;
Et si je ne prends intérêt
Qu’à célébrer le nom du grand Roi de la France,
Tous les exploits que les autres feront,
À ce compte demeureront
Ensevelis dans le silence.
Je veux bien toutefois ne parler que de lui ;
Mais ce qui cause mon ennui,
C’est de voir que quand je publie
Toutes ses grandes actions,
On les prend pour des fictions,
Et l’on m’accuse de folie.
Qui pourroit croire aussi ce qu’on a vu deux fois ?
Il paroît, et soudain une Province entière
Se fait un heureux sort de servir de matière
Au triomphe éclatant qui la met sous ses Lois ?
Je crois le voir encor, toujours infatigable,
Courant, volant partout, sans jamais s’arrêter,
Être Chef et Soldat, résoudre, exécuter,
Et seul à soi-même semblable,