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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/196

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Scène I


GLAUCUS, PALÉMON.


palémon

J’admire, à dire vrai, cette délicatesse.
Silla tient votre cœur charmé,
Vous n’aspirez dans l’ardeur qui vous presse,
Qu’à l’unique bonheur de vous en voir aimé ;
Et lorsque votre rang vous peut aider à plaire,
Vous vous obstinez à le taire.
Vous passez pour un Prince illustre et glorieux,
Que l’on révère dans la Thrace,
Et c’est choisir d’assez nobles Aïeux,
Que de faire Borée Auteur de votre Race.
Borée, en ces Cantons de frimas et de glace,
S’est acquis un renom qui fait bruit en tous lieux ;
Mais lorsque d’un rival l’amour vous embarrasse,
Si l’aimable Silla savoit qu’entre les Dieux
Le Destin vous a donné place,
Vos desseins n’en iraient que mieux.
Laissez là d’un mortel la trompeuse apparence,
Et prenez de Glaucus la fière majesté.
Pour forcer un cœur qui balance,
L’éclat de la Divinité
Manque rarement de puissance.

glaucus

Ah Palémon, crois-tu qu’on puisse avoir jamais,
Quand on est bien touché, l’âme trop délicate,
Et quelque doux penchant qui pour nos cœurs combatte,
L’amour qui contraint les souhaits,
A-t-il quelque chose qui flatte ?
Si me faisant connoître pour Glaucus,
J’obtiens que Silla me préfère,