Aller au contenu

Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


silla

Je les crois pleins de la plus vive ardeur ;
Mais que voulez-vous qu’elle obtienne,
Lorsqu’un Dieu même éprouve ma rigueur ?
Je viens de quitter Galatée,
Qui m’a peint de Glaucus le violent amour.
Je ne l’ai qu’à peine écoutée ;
Tout cède à Mélicerte, et j’attends son retour.

glaucus

Il est juste qu’un Dieu sur un Mortel l’emporte ;
Et si Glaucus brûle pour vous,
Ce choix à votre gloire importe,
Je le verrai sans en être jaloux.
Au moins ce me fera quelque chose de doux,
Que mon malheur au plus haut rang vous porte,
Et ma douleur sera moins forte
Par l’avantage de l’Époux.

silla

Prince, l’ambition ne règle point ma flamme,
Et si j’avois encor à choisir un Amant,
Je ne m’attacherois qu’au seul empressement ;
Lui seul pourroit tout sur mon âme.
Ainsi tout Dieu qu’il est, si Glaucus écouté
De mon cœur se rendoit le maître,
Ce seroit moins par sa Divinité,
Que par l’amour qu’il me feroit paroître.

glaucus

Quoi, d’un Dieu pour Époux faire si peu de cas,
Qu’un Mortel lui soit préférable ?

silla

C’est à force d’aimer que l’on se rend aimable,
Et je ne me figure pas
Que d’un amour solide et stable
Un Dieu chérisse assez l’appas,
Pour en être longtemps capable.

glaucus

C’est mal juger des Dieux, qu’avoir ce sentiment.