Si sur moi Mélicerte eût eu moins de pouvoir.
Doit-il le conserver, ce pouvoir qui me tue,
Quand il aime assez peu pour vous abandonner ?
Sa fuite est-elle à pardonner ?
Il vous quitte, il renonce au bien de votre vue,
Et vous voulez vous obstiner
À lui garder la foi qu’il a reçue.
Qu’il en soit digne, ou non, tout est égal pour vous.
Je dois toujours l’aimer, s’il m’est toujours fidèle ;
Et si de son départ la cause est criminelle,
Tous les Hommes par lui méritent le courroux,
Où pour venger ma gloire un juste orgueil m’appelle,
Et je leur dois jurer à tous,
Pour le crime d’un seul, une haine éternelle.
Quoi, regarder ce crime ainsi qu’un attentat
Que partagent tous ceux qu’un beau feu vous attire ?
De l’Amour une fois on peut suivre l’empire,
Au péril de faire un Ingrat ;
Mais dès qu’on est trompé, l’épreuve doit suffire,
Et pour peu qu’elle ait fait d’éclat,
Qui de nouveau peut croire un Amant qui soupire
N’a pas sur la fierté le cœur bien délicat.
Rigoureuse maxime ! À quoi me réduit-elle,
Si rien ne vous la fait changer ?
Je n’ai pas l’esprit léger ;
Et si j’aime un infidèle ;
Jamais passion nouvelle
N’aura de quoi m’engager.
Ah, si vous connoissiez jusqu’où pour vous la mienne
Pousse les transports de mon coeur !